Nom du futur pont sur le Saint-Laurent

Le nom du Rocket déjà dans le ciel montréalais

Pont ou pas, le Rocket est déjà au firmament des transports montréalais. Un corridor emprunté par le quart des vols en partance ou à destination de Montréal porte en effet le nom du célèbre hockeyeur.

En 2012, Nav Canada a honoré Maurice Richard et quatre autres anciens joueurs du Canadien de Montréal en donnant leurs noms à cinq « points de cheminement » situés dans un corridor aérien menant à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal. Les points de cheminement sont l’équivalent aéronautique d’un panneau de signalisation routière dans le ciel. Ils marquent un changement de cap, d’altitude, de vitesse, etc.

C’est une coutume très répandue : partout en Amérique du Nord, les contrôles aériens donnent à quelques repères aéronautiques des codes évoquant les noms de vedettes ou d'équipes sportives locales.

En 2012, les contrôleurs de Montréal guidant les pilotes ont commencé à utiliser les points de cheminement MORIC (pour Maurice Richard), LFLER (Guy Lafleur), BLIVO (Jean Béliveau) et ARVIE (Doug Harvey), tandis que GAINY (Bob Gainey) était le nom d’une procédure d’arrivée vers les pistes de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, à Dorval – YUL pour les aviateurs. Ces cinq anciens joueurs sont membres du Temple de la Renommée du hockey. De plus, le principal corridor en direction ouest, vers Chicago et Toronto, a été baptisé HABBS, qui a la même sonorité que le vénérable surnom du Canadien, « Les Habitants », prononcé à l’anglaise.

DES CODES « POPULAIRES »

Ces codes à cinq lettres sont très utiles parce qu’ils permettent de donner rapidement un cap et une altitude aux pilotes. Ils sont inscrits dans les cartes GPS des avions. La plupart sont des codes phonétiques ne voulant rien dire, comme PENTU, OMBRE, VIDGO, OBRET, BEMOG, etc. « Alors, les rares codes qui évoquent le sport sont populaires chez les aviateurs. Quand un pilote au départ de Chicago, Detroit ou Toronto (toutes des villes de hockey) se fait donner l’instruction de décoller vers Montréal avec la procédure d’arrivée “HABBS”, c’est un clin d’œil qui fait sourire », a dit à La Presse Michel Tremblay, coordinateur en procédures dans l’espace aérien chez Nav Canada, au centre de contrôle de Montréal.

« En fait, pour Maurice Richard, on voulait quelque chose ressemblant à Rocket [le surnom du numéro 9 des Canadiens], mais tous ces codes étaient déjà utilisés ailleurs », explique M. Tremblay. MORIS n’étant pas disponible non plus, Nav Canada s’est rabattu sur MORIC, qui identifie un point de cheminement en haute altitude situé au nord-ouest de Montréal. 

« La question de la prononciation n’était pas vraiment un problème, MORIC est un point où les avions tournent automatiquement, c’est rarement utilisé sur les ondes. » 

— Michel Tremblay, coordinateur chez Nav Canada

Depuis 2012, des modifications apportées aux corridors aériens ont fait que le code GAINY a disparu. C’est arrivé juste après que Bob Gainey eut été poussé vers la porte après plusieurs saisons difficiles comme directeur général du Canadien. Pure coïncidence, assure M. Tremblay. D’ailleurs, le code BLIVO de Jean Béliveau a disparu lui aussi, note-t-il.

Par la même occasion, « LAFLR » est devenu le nom de Lafleur 1 et Lafleur 2, deux procédures d’arrivée dans le corridor du trafic passant au nord-ouest de Montréal, pour les vols arrivant de l’Ouest canadien ou du Grand Nord. C’est un nom approprié pour cet ancien joueur devenu pilote d’hélicoptère.

Les Expos sont aussi dans le ciel montréalais : deux procédures de départ dans le corridor arrivant des États-Unis s’appellent CARTR, en l'honneur du receveur Gary Carter, membre du Temple de la renommée du baseball majeur.

Une position de départ de l’aéroport Jean-Lesage, à Québec, s’appelle NORDIK.

UNE FAÇON DE FAIRE RÉPANDUE EN AMÉRIQUE DU NORD

À Portland, domicile des Trail Blazers de la NBA, deux repères dans l’approche finale de l’aéroport PDX s’appellent respectivement TRAYL et BLAZR. 

À Minneapolis, où jouent les Vikings de la NFL, une intersection entre deux arrivées s’appelle VYKES. Cette ville a aussi une concession de baseball, les Twins, et un point fixe appelé TWINZ. N’oublions pas WOLVZ et TWOLF, des clins d’œil aux Timberwolves de la NBA.

Un des points fixes dans un corridor aérien du Massachusetts s’appelle BOSOX. Les fans des Red Sox de Boston, de la Ligue américaine de baseball, vont apprécier. 

Les Rockets de Houston, équipe de basketball, ont un corridor aérien qui les honore, ROKIT. Deux points de cheminement dans ce corridor s’appellent SSLAM et DUUNK. 

Pour finir, une approche de l’aéroport de Denver porte le nom de code SAKIC, en l’honneur du capitaine de l’Avalanche... et des défunts Nordiques, avant leur relocalisation au Colorado.

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